Interview du réalisateur Pierre Yves Clouin

Pour les 10ème RISC, Pierre Yves Clouin est en lice pour le Prix Jeune public avec
« La Murène devant la salle de bain », et celui du meilleur Court-métrage avec
« Luménité ». Le parisien se confie sur ses deux films en compétition et revient sur ce qui l’a poussé à devenir réalisateur.

Votre art est très atypique, et il s’exprime pleinement dans « La Murène » :

C’est une paréidolie en mouvement. Quand on voit une prise électrique, on voit deux yeux et une bouche. On la regarde, et on voit une tête. C’est ça la paréidolie. Dans « La Murène devant la salle de bain », on regarde un jogging posé sur un rebord, et on voit une murène. C’est le moment de l’intrigue. C’est le fait de tourner autour qui provoque notre surprise. Une photo n’est pas suffisante. La vidéo permet d’exprimer plus de choses. Je fais en sorte que le spectateur puisse se mettre à ma place.

Comment vous est venue l’idée de faire « La Murène » ?

On ne peut pas dire que l’idée m’est venue. Je n’écris pas ce que je fais avant. Je suis tout le temps en train de filmer. Je vais à la découverte de choses qui peuvent m’intriguer, me surprendre. En général, ce sont des choses assez simples, de mon entourage, du quotidien, ou là où je vis.

Vous êtes un adepte des films de ce type ?

C’est quelque chose que je fais depuis 20 ans maintenant. Le fait qu’on regarde quelque chose et qu’on voit autre chose, ça me travaille beaucoup. Les plans séquences comme ça, d’une, deux ou trois minutes, c’est ce que je préfère.

Comment vous est venue l’envie, le désir de faire de la vidéo ?

J’étais peintre avant. A l’époque, j’avais considéré que mon « travail » de peintre était terminé. J’avais ce rêve de gamin de faire du film et du cinéma. Alors j’ai pris une caméra et j’ai fait des choses très simples, très brutes.

Autre film en compétition, « Luménité ». Que proposez-vous au public avec celui-ci ?

C’est la première fois qu’il sera montré dans un festival. Là aussi, c’est une surprise. On est dans un univers très familier. C’est quelque chose de très quotidien. Pour tourner, il faut que je connaisse l’endroit.

Ces deux films sont destinés à tous les publics et peuvent titiller la curiosité des plus jeunes ? Votre film va vraiment à la rencontre des sciences…

Ce qui arrive dans le film, ce sont des choses qui peuvent arriver à tout le monde. Ce qui m’a attiré, c’est ce moment où on arrive à douter de ce qu’on voit, on doute de notre propre perception alors qu’on sait parfaitement ce qu’on voit.

Est-ce que vous seriez tenté un jour de faire des films plus longs ?

Je ne me donne pas de contrainte de ce genre. Je ne fais pas ça aujourd’hui pour faire du moyen ou long-métrage plus tard. Mon objectif est que ce que je filme soit vivant et tendu. Si je dois faire un film de trente minutes mais avec des trous, ça ne me tente pas.

Vous avez cette volonté de filmer en instantané. Du coup pour vous, il n’est pas question d’utiliser un matériel de professionnel, caméras lourdes etc ?

Tout à fait oui. Mais il y a une évolution énorme par rapport à il y a dix ans. On peut faire des films de qualité avec du matériel très léger aujourd’hui, mais qui reste encore trop lourd pour être utilisé tout le temps et partout.

Vous avez participé à de nombreux festivals, dont les RISC bien entendu ?

Oui, je suis très heureux d’être présenté ici à Marseille, avec deux films qui plus est ! Également, en cette fin d’année, l’une de mes premières vidéos, qui date de 1996, sera présentée de nouveau dans un Festival en Finlande au mois de décembre.

Merci beaucoup Pierre Yves, et bonne chance pour vos deux films en compétition, « La Murène dans la salle de bain », dimanche 20 novembre à 14h00 aux Variétés, et « Luménité », vendredi 25 novembre à 20h30 au Muséum d’histoire naturelle de Marseille.

Merci à vous. A bientôt !

Alexandre BOERO