Samedi 26 novembre 14h – Cinéma les Variétés – DES OBJETS ET DES HOMMES
Des histoires dans l’Histoire, dans ses creux et ses failles, dans ses plus petites traces de mémoire ou d’oubli, dans ses interstices les plus secrets ou les plus tus. 3 objets, filmiques, eux, qui racontent et questionnent notre rapport à la mémoire intime et collective.
En présence de : Alexis Nuselovici (Nouss), professeur de littérature générale et comparée à l’Université d’Aix-Marseille (AMU).
Mélodie Tabita, réalisatrice.
Lætitia Tura, réalisatrice.
PROJECTION DES FILMS :
AVEC LE FRÈRE DE MON PÈRE MORT de Mélodie TABITA – France, documentaire, 2016, 48’
autoproduit
Je suis partie au Maroc, sol de mon père mort pour voir l’endroit où il est né.
Il avait quitté son pays en 1968 pour rejoindre la France où il est mort brutalement en 1989, sur une petite route de campagne.
Je retrouve El Ayachi son frère, à Aïn Kadous, le quartier de Fès où il vit. L’oncle paternel allait devenir mon passeur, le Stalker de ce voyage me permettant de remonter à la terre mère de mon père, la maison natale, dans un petit village du Rif près de Taza. Pour faire ce voyage, la caméra serait mon véhicule – ma caméra-véhicule.
J’ai filmé pas à pas cette route, ce douloureux face à face avec ce pays, ces gens, cette famille si proche et si lointaine. C’est en cherchant à regarder ce qui m’était étranger comme si ça m’était familier et ce qui m’était familier comme si ça m’était étranger que j’ai pu tenir et tenir le cadre. Là bas, j’ai éprouvé une violence terrible, quand on ne comprend rien, que l’on ne peut rien dire. Là où je suis née, en France, c’est aussi là où mon père a tu sa langue maternelle : l’arabe. Cette langue que je ne parle pas puisque mon père ne me l’a pas donnée. Cette parole tue par les morts a été une quête, un voyage, un pèlerinage ou simplement le travail d’un deuil.
Film en compétition, catégorie long et moyen métrage
FIGURA de Katarzyna GONDEK – Pologne/Belgique, documentaire, 2015, 8’51
prod/distrib Katarzyna Gondek – Bekke Films/ radiator
Tout est blanc, balayé par le vent. Une gigantesque forme émerge du rideau de neige et prend la route. Elle passe par des villes, des villages, des maisons, pour arriver en haut d’une colline, aux côtés d’araignées, de saints et d’auto tamponneuses. Figure est un conte surréel sur la création des mythologies, du kitsch religieux, et sur le désir de grandeur. Qui est notre protagoniste ? La plus grande miniature religieuse du monde. Une gigantesque contradiction.
Film en compétition, catégorie court-métrage
ILS ME LAISSENT L’EXIL – LES OBJETS de Lætitia TURA – France, documentaire, 2016, 28’39
prod/distrib Le G.R.E.C
Une carte mémoire, un imperméable, une voiture miniature, un béret : objets sauvés de la traversée des frontières, objets donnés ou oubliés. C’est aussi dans ces fragiles traces qu’une transmission de la mémoire de l’exil est possible.
» Ils me laissent l’exil » raconte ce passage de l’objet familial en possible objet patrimonial. Car l’enjeu est bien de faire une pleine place dans le récit national aux mémoires minorisées, reléguées dans l’arrière-cour de l’Histoire.
ARTICLE SUR LA SÉANCE : http://migrexil.hypotheses.org/64